Ils dénoncent la pénurie des
médicaments
Des
syndicats appellent à des rassemblements demain
El Watan, le 05 Mai 2012
Les syndicats demandent des
comptes au ministère de la Santé et envisagent de saisir le président de la
République pour mettre fin au calvaire des malades.
Il existe bel
et bien une pénurie de médicaments en Algérie. La situation est très grave et
les clignotants sont au rouge. Cette réalité est confirmée, non seulement par
les praticiens, mais aussi par les concernés directement, notamment les
malades. Pour mettre les hautes autorités du pays devant leurs responsabilités,
le Syndicat national des hospitalo-universitaires a décidé de sortir de sa
réserve pour manifester son ras-le bol de cette situation. Après
l’intersyndicale, regroupant le syndicat des praticiens, présidé par Lyes
Merabet, celui des spécialistes, dirigé par Mohamed Yousfi, et le syndicat
des psychologues conduit par M. Kedad, ainsi que les médecins résidents qui
ont, à plusieurs reprises, investi la rue pour dénoncer le désarroi des
malades et la mauvaise gestion du dossier des médicaments, c’est au tour des
hospitalo-universitaires de tenir des sit-in dans l’ensemble des
établissements hospitaliers, implantés à travers le territoire national, pour
demander des comptes et des explications sur les pénuries de médicaments.
Ce syndicat
demande des justifications à la tutelle et compte saisir le président de la
République pour mettre fin au calvaire des malades. «Jamais la pénurie de
médicaments n’a atteint un stade aussi critique. Certes, nous avons connu des
moments de pénurie, mais ces deux dernières années, la situation s’est
aggravée. Le plus dramatique c’est le refus du ministère de la Santé de
reconnaître cet état de fait», s’insurge professeur Djidjli, président du
syndicat des hospitalo-universitaires.
Ce dernier ne
comprend pas l’attitude du ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, qui
traite les syndicats de «menteurs», à chaque fois qu’ils montent au créneau
pour dénoncer la pénurie de médicaments. «Si les syndicats et les médecins
sont des menteurs, est-ce que Ould Abbès traitera aussi de menteurs les
malades qui se plaignent de la pénurie de médicaments ? Le ministre peut nous
contredire et nous traiter de tous les noms, mais qu’en est-il des malades
?», s’est-il interrogé.
Et d’ajouter : «Le problème est loin d’être réglé.» Le ministre de la Santé, rappelons-le, ne cesse de clamer, lors de ses sorties médiatiques, qu’«il n’y a pas de rareté de médicaments». Cri de détresse des malades Mercredi dernier, il avait dénoncé, à partir de la ville de Mila, pour la énième fois, toutes les personnes qui évoquent la pénurie de médicaments. Il a démenti catégoriquement l’existence de ce phénomène. Pour lui, les «rumeurs» relatives à une «pénurie de médicaments» procèdent d’une «campagne visant à contrecarrer les efforts de son département pour assainir le secteur des médicaments en Algérie». Il dira, dans ce sens, que «tous les médicaments utiles aux malades sont disponibles au niveau de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH)».
Le ministre
avait alors rappelé que l’Algérie a importé pour 720 millions de dollars
pendant les quatre premiers mois de cette année dans le seul souci de veiller
sur la santé des Algériens. «Ce montant est en hausse de 30% par rapport à la
même période de l’année 2011», affirme Dajmel Ould Abbès. Sur ce point
justement, les syndicats restent perplexes. Le paradoxe, selon eux, est que
l’Algérie dépense de plus en plus d’argent pour les médicaments et ces
produits sont de moins en moins disponibles. «Comment peut-on expliquer cette
situation ? Où va l’argent du médicament? Nous exigeons des comptes du
gouvernement», lance le professeur Djidjli.
Ce dernier
précisera que tous les ministres qui se sont succédé à la tête du secteur de
la Santé avaient pour défis, la réduction de la facture d’importation des
médicaments et d’assurer leur disponibilité. «Sur ces deux défis, nos
ministres ou nos gouvernements ont complètement échoué. C’est un échec
criant, puisque, aujourd’hui, nous dépensons plus, mais le médicament n’est
pas disponible !», fulmine-t-il.
Nabila Amir
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Rapports
de l’ONU sur les droits de l’homme en Algérie : La sourde oreille, jusqu’à
quand ?
El Watan, le 05.06.2012
L’Algérie doit «lever l’état
d’urgence dans la wilaya d’Alger et garantir pleinement la jouissance du
droit à la liberté
d’expression et de réunion pour tous les citoyens».
Alger doit
mieux faire en termes de respect des droits de l’homme. En dépit des
recommandations itératives des institutions internationales dont l’Algérie
est membre, le pays se fait une nouvelle fois épingler pour les restrictions
et autres violations des libertés fondamentales de ses citoyens. Le Conseil
des droits de l’homme de l’ONU a ainsi étudié, la semaine dernière à Genève
(Suisse), la situation des droits de l’homme en Algérie. Et parmi la centaine
de recommandations et autres commentaires émis par les 77 Etats membres qui
participaient à cette réunion, les plus importantes sont celles ayant trait
au maintien «partiel» de l’état d’urgence, pourtant officiellement levé en
février 2011.
Ainsi, dans le
rapport final de l’Examen périodique universel (EPU) adopté le 1er juin, des
pays comme l’Iran, la Chine ou l’Indonésie affichent leur satisfecit quant
aux réformes engagées par Alger. Toutefois, de nombreux autres Etats membres
l’épinglent pour les restrictions qui pèsent encore sur la vie publique et
privée. Et tout particulièrement en ce qui concerne les manifestations et
autres rassemblements. L’Algérie doit «lever l’état d’urgence dans la wilaya
d’Alger et garantir pleinement la jouissance du droit à la liberté
d’expression et de réunion pour tous les citoyens», recommande la Belgique à
l’issue de l’audition de Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères.
Il faut
«supprimer les obstacles inadmissibles à la liberté de réunion et d’expression,
y compris ceux interdisant les manifestations à Alger», estiment les
Etats-Unis et la France, et aussi «prendre des mesures supplémentaires pour
garantir le droit à la liberté d’expression, le droit de réunion pacifique et
le droit à la liberté d’association», poursuit pour sa part l’Australie. Un
avis partagé par la Namibie, la Norvège, l’Allemagne, la Slovaquie ou encore
le Canada. Pour le Mexique et les Pays-Bas, l’Algérie se doit de faire mieux
que des améliorations. Le pays doit ainsi «revoir sa législation et ses
pratiques afin de garantir le libre exercice du droit à la liberté de réunion
et la liberté d’expression, à toutes autres limitations que celles en vertu
du droit international», insiste le Mexique, tandis que les Pays-Bas
recommandent de «revoir toutes les lois qui restreignent la liberté
d’expression et la presse».
Par ailleurs, la Suisse juge, quant à elle, qu’il est impératif de «libérer toutes les personnes qui sont détenues uniquement pour avoir exercé leur liberté d’expression et de révoquer toutes les dispositions juridiques permettant de sanctionner le droit de la liberté d’expression». Les ligues des droits de l’homme attendent une application De même, les Etats membres ont émis des réserves quant au traitement fait aux ONG, dont les activités sont entravées par la nouvelle loi sur les associations. Et de nombreux pays, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni, demandent la révision des différentes mesures visant à limiter la création, le fonctionnement et le financement des associations. L’autre point noir soulevé par le Conseil des droits de l’homme est la condition féminine en Algérie. Ainsi, pas moins d’une cinquantaine de recommandations ont trait à l’abrogation du code de la famille ou encore à la lutte contre toutes les violences et discriminations répandues dans la société.
De même, il a
été recommandé à Alger de ratifier le Protocole facultatif en vue d’abolir
officiellement la peine de mort, ainsi que le Statut de Rome de la CPI et la
Convention sur les disparitions forcées.
Qu’en pensent les associations qui luttent au quotidien sur le terrain pour la défense des droits de l’homme ? «Ces constats ne sont pas nouveaux pour nous et sont l’objet de tous nos communiqués et rapports. Ces recommandations consolident nos positions», explique Boudjemaâ Ghechir, président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH).
«Toutefois, ce rapport fait l’impasse sur de
nombreux volets, telle l’indépendance de la justice», regrette pour sa part
Nourredine Benissad, président de la Ligue algérienne de défense des droits
de l’homme (LADDH). «Il faut espérer que l’Etat prendra en considération ces
recommandations et affiche une réelle volonté d’améliorer la situation,
marquée par de graves régressions», ajoute Boudjemaâ Ghechir.
Ghania Lassal
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